Qui sont les exhibitionnistes? Pourquoi montrer son sexe en public?

La majorité des exhibitionnistes sont des hommes. Ils sévissent généralement dans les lieux publics et privilégient comme victimes potentielles, les jeunes filles. Serge Garcet, Docteur en psychologie et expert près les tribunaux, constate que 30 à 50% de femmes ont déjà été confrontées à un exhibitionniste. Le phénomène est donc loin d’être banal.

L’homme à l’imperméable, comme on le surnomme, a en fait trois profils. Il y a tout d’abord l’exhibitionniste dit "classique". C’est une personne qui est souvent en retrait, plutôt inhibée, qui manque d’habilité sociale et est immature affectivement. Au travers de son acte, en envahissant l’espace de l’autre, cette personne recherche surtout l’affirmation de soi. "Il s’agit principalement de personnes assez tristes dans leur sexualité", précise Serge Garcet.

Deuxième profil, "les masturbateurs publics". Ils constituent un groupe de personnes qui recherchent essentiellement la menace d’être pris en flagrant délit de masturbation. Ils se caractérisent davantage par une forme d'érotisation de la prise de risque et donc de la menace d'être vu en train de se masturber dans un lieu public. Le psychologue précise qu’ils ne présentent pas nécessairement une démarche pro-active de recherche d'une victime en tant que telle, comparativement à d’autres groupes.

Enfin, le dernier groupe évoque l’exhibitionniste dit "satirique". "Là, on a vraiment des individus narcissiques qui renvoient à des problématiques personnelles plus lourdes par rapport à la mère", explique le psychologue Serge Garcet. Ces personnes-là cherchent à humilier leur victime.

Que dit la loi ?

Imposer à autrui une scène à connotation sexuelle peut être lourdement sanctionné. Adrien Masset, avocat spécialisé en droit pénal et professeur à l’université de Liège, le précise : "Le code pénal prévoit une peine d’emprisonnement maximale de 1 an mais cela peut aller jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et une amende si l’acte est commis en présence d’un mineur de moins de 16 ans. Il y a également une peine facultative d’interdiction d’éligibilité".

Mais la justice condamne rarement les exhibitionnistes à la prison ferme. Les juges préfèrent leur imposer une thérapie : "Ces mesures alternatives tendent aussi bien à protéger la société en permettant à ces personnes de se soigner, donc d'éviter de nouvelles récidives et d'autre part, permettre à ces personnes de retrouver un équilibre qui n'était pas jusqu'alors atteint", explique l’avocat Adrien Masset. Mais le problème, c’est que la majorité des exhibitionnistes ne se considèrent pas comme délinquants ou déviants sexuels. Et Serge Garcet de poursuivre : "Il n'y a pas, selon eux, d’agression en tant que tel. Or, si l'on se place maintenant du côté des victimes, on constate quand même que de 18 à 20% de ces victimes se sont senties vraiment agressées et ont ressenti un traumatisme par rapport à cette exhibition".

Chaque exhibitionniste a son histoire personnelle. Pour empêcher toute récidive, il doit prendre conscience de la portée de ses actes. Il doit en identifier les causes et apprendre à désamorcer le scénario le conduisant au passage à l’acte.

Martine Ernst